• ...

    Dans la vie, il y a de ces jours où l'on regrette de se lever. Ces jours où l'on sait qu'on va passer une mauvaise journée, où l'on sait que certains instants horribles devront arriver. Et face auxquels on se dit qu'on ne pourra rien faire. On sauve la face, on souris, on dit bonjour au gens qu'on croise dans la rue, et au fond de nous, on a peur, on pleure, on se dit que tout le monde s'en fout puisque personne le voit, et on pleure encore plus fort, mais on fait encore plus attention à ce que personne ne le voit. On ne veut pas être découvert, on veut assumer notre faiblesse mais seulement en nous. Alors on continue et on essaye d'avancer, pour éviter de se laisser convaincre qu'on recule. Au début tout va bien, puis on vous trouve absent. C'est vrai, on l'est un peu peut-être, pour vous. Mais, pour nous, on est pas absent, on est juste à l’intérieur, tellement présent, on rêve, on pleure, on a envie de hurler.... Mais on le fait pas, parce qu'on est discret, parce qu'on est timide, parce qu'on a pas envie de devoir s'expliquer, parce qu'on veut pas être se faire soutirer une part de la souffrance qui nous ronge, qu'on ne veut pas avoir l'air coupable, coupable d'un instant de doute, d'un moment ou l'on craque. Alors on rentre en nous, on resserre les épaules, on se terre, et on fait semblant. Pourtant parfois on finit par craquer, quand on en peut réellement plus, qu'il faut tout libérer pour pouvoir encore sourire, pour pouvoir vivre, pour éviter de ruminer, pour éviter de se taire.
    Alors on craque, parce qu'on vous laisse tomber sans même vous laisser le temps de dire un mot, parce qu'on vous ment, parce qu'on cache dans votre dos, parce qu'on arrive pas à accepter ce qu'il se passe, parce qu'on essaye pas de vous comprendre, parce que l'adversité c'est ce qu'il y a de plus beau et ce qu'il y a de plus dur. Parce que l'on sait pas quoi faire d'autre. Parce qu'on est perdu. On en peut plus. Et puis il y a ce moment où l'on dynamite son monde. Où en un instant, on détruit presque tout. Parce qu'on en pouvait plus. Parce que la honte, parce que la rancoeur. Parce que le doute. L'instant, le cri. Juste la libération dans le silence.
    Alors oui, aujourd'hui, je cris. Parce que j'en ai marre des journée pourries. D'être seul. D'être trahi, qu'on m'explique que tout est de ma faute. Je cris à l'injustice, au vol, je cris à l'absence, au viol, je cris. Je hurle toute les hontes que je peux avoir, je cris parce que j'oublie, parce que je meurs. Parce que parfois on en a juste marre de devoir se relever et qu'on nous explique que c'est la faute à pas de chance, que c'est de notre faute, ou alors qu'on nous explique pas. « J'ai mes raisons » dira-t-on … Oui, mais quelles sont elles ?

    La souffrance ne se justifie pas ?
    Alors oui, aujourd'hui, je cris. Je cris parce que j'ai mal, parce que j'ai peur, et parce que je pleurs.
    Je ressors toute ses heures passée à l'hôpital, je ressors tout ses rendez vous sans queue ni tête, je ressors toute les souffrance de l'amour, je ressors toute la douleur de la solitude, je m’abhorre. Je cris tout ce que je hais, tout ce qui ne va plus, tout ce qui aurait pu aller. Je cris pour les rêves qui sont restés en morceaux, pour les mots qui ne sont pas sortis, et pour ce que je veux pouvoir faire.
    Je cris. Jusqu'a en perdre la voix.
    Je tente de faire table rase, de tout chasser, pour pouvoir tout reconstruire, j'essaie et pourtant je n'y arrive pas. Parce que c'est moi. Ce sont des ratés, des explosions, des décombres, ou des tests, mais c'est moi. Et je tiens à moi. Je ne veux pas oublier mon identité que je connais si mal. Je ne peux pas l'oublier ? Longtemps j'ai cru que les souvenirs étaient tout ce que l'on pourrait jamais me retirer, il n'a suffit que d'une année pourtant... et de quelques gouttes de neuroleptique.
    C'est chouette ces médicaments, non ? Ce qui vous maintient en vie vous efface aussi.

    Alors je cris aussi pour ne pas oublier, je cris et j'écris. Parce que les cris ont plusieurs formes.

    Je tente de faire table rase, mais je ne peux pas. Et en moi, il pleut.
    Il pleut, une de ces pluies torrentielle et douce en même temps, une pluie acide qui pourtant fait pousser les nouvelles plantes. Alors je reste sous la cascade impérissable et j'attends ? J'attends, oui, mais j'attends quoi ? J'attends tout, j'attends pour ne pas faire de bêtises, pour ne pas être mis en tort, j'attends, pas comme une statue impérieuse résistant aux pluies et aux vents, juste là, sans savoir quoi faire. Je mets ma vie en pause, je reste allongé à regarder le ciel, en me rappelant combien c'était chaud, toutes ces soirée passée avec les gens que j'aime. Je réactive les souvenirs qui restent encore, les meilleurs et les pires, parce que c'est ceux qui marquent, je me perds, je sors. Je m'assois dans les musées parisiens et je fixe des tableaux sans rien dire, sans rien pouvoir dire et je reste là, coi, silencieux. Parfois on m'interrompt pour me demander si ça va parce que sans le voir je me suis mis à pleurer en silence. Et je reste juste là pendant des heures. Je n'attends pas seulement, je contemple. Je m'absente aussi ?
    Et puis, je voyage, même si ce n'est que de stations de métro en stations de métro je voyage, je regarde les rues, les gens, les arbres, les bâtiments.

    Je cris parce que je tente d'exister dans ce vide, je cri parce que je veux survivre et parce que je veux vivre. Je tente de combler l'absence, le manque et je sors, je passe du temps avec mes amis, je passe le temps, je fuis le moment de la confrontation avec moi, encore et toujours, pour ne pas être seul. Je vais au cinéma, je coure, je danse, toujours, je chante, j'évite le silence implacable que je ne peux pas supporter. 

    Et chez moi, dans le silence de l'ombre, J'apprends. J'apprends à me relever, j'apprends à passer outre même quand je pense que je ne pourrais pas. Alors je continue je sors, je peins, je dessine, j'écris pour faire sortir tout ces débordement de moi. Et je vis. Même quand je me dit que je ne devrais plus.
    Et pourtant...

     

     

     

     

    ( C'est un texte que j'avais besoin d'écrire aujourd'hui, je sais pas comment chacun le lira mais pour moi il veut dire quelque chose )


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  • Titre : Les mémoires de Lady Trent
    auteur : Marie Brennan 

    tome 1: 

    Les mémoires de Lady Trent - Marie Brennan

    tome 2 :

    Les mémoires de Lady Trent - Marie Brennan

    Tome 3 :

    Les mémoires de Lady Trent - Marie Brennan

    et tome 4:

    Les mémoires de Lady Trent - Marie Brennan

    ( cinquième tome à paraître )

    Quatrième de couverture du premier tome :


    « Soyez avertis, cher lecteur : les volumes de cette série contiendront des montagnes gelées, des marais fétides, des étrangers hostiles, des compatriotes hostiles et à l'occasion des membres de ma famille hostiles, de mauvaises décisions, des mésaventures géographiques, des maladies dépourvues d'attrait romantique et une abondance de boue. Vous poursuivrez votre lecture à vos risques et périls. »

    Les mémoires de lady Trent, mises en scène par Marie Brennan, racontent la vie et les recherches d'Isabelle Trent, naturaliste mondialement connue et désormais vieille dame, dont l'esprit et le style empreints d'humour s'avèrent sans pitié pour les imbéciles. Dans ce premier volume, Isabelle, petite fille puis jeune femme, brave les conventions de sa classe et de son temps pour satisfaire sa curiosité scientifique et accompagner son mari lors d'une expédition à la recherche des dragons de Vystranie...

    Un livre de facture raffinée, qui s'adresse aux amateurs d'époque victorienne, de fantasy, et n'est pas sans rappeler le travail baigné de naturalisme et d'imaginaire de Pierre Dubois dans La grande encyclopédie des fées.

    Mon analyse :

    Marie Brennan signe une serie de carnets de voyage, à la manière des naturalistes, en pleine contrées imaginaires chez l'éditeurs méconnu L'Atalante. Placé sous le signe de sa collection La dentelle du cygne, dont la devise est : "Avec la « Dentelle du Cygne », lire c’est rêver, rire, réfléchir, mais aussi réagir, sortir des sentiers battus, renouveler sa vision du monde…", les multiples tomes des Mémoire de Lady Trent offrent un univers accessible et des voyages au quatre coins de contrées fantastiques.

    Le texte propose un point de vue intéressant sur les dragons, de par sa volonté d'approche scientifique mais aussi par la mise en avant de cette fascination pour ces fantastiques sauriens que l'on ne retrouvent que trop peu au centre des grand roman de fantasy. L'histoire bien ficelée n'est pas celle d'un roman d'action et prend au contraire le temps de bien installer son intrigue complexe au fur et à mesure des volumes, retranscrivant ainsi par la même occasion la lenteur, la difficulté des démarche, les complexités politiques (comme elles pourraient l'être chez nous) du monde imaginaires dans lequel baigne l'héroïne principale: Lady Isabelle Trent. L'écriture travaillée et fluide, la quasi absence de dialogue et la presque omniprésence de passages descriptifs nous permettent de plonger encore plus profondément dans cet univers des science, en nous plaçant, en quelque sorte, nous aussi en position de scientifiques. Cette forte présence de description peut vous paraître ennuyeuse, mais les romans en sont d'autant plus captivant
    Les couvertures de chaque tomes, réalisés par Todd Lockwood, sont à elle seul des programmes de lecture sur le contenu des différents romans. Les expéditions toujours plus mouvementées et animés de l'héroïne sont à son image, complexes et souvent assez désopilantes, un côté renforcé par le caractère bien trempé, charismatique et fort qui est prêté à Isabelle Trent, qui n'hésite pas à tirer privilège de sa position et de son âge pour dépasser ce qui semble être les codes de la société qui l'entoure, et en quelque sorte s'abjurer de cette société victorienne au préjugés bloquant. Ce qui donne un nouveau type d'intérêt pour ce cycle de romans, centrée sur le rapport à l'éducation des femmes et celui de l'accession des femme à la connaissance/profession scientifique (parfois encore aujourd'hui bien tumultueux comme le montrent certains extraits des débat européens), notamment avec la création par Isabelle de l'université Volante à son domicile. Même si limiter le texte à cet aspect là, ce n'est pas lui faire honneur, je l'ai trouvé aussi assez intéressant. Ainsi entre histoire, sujet encore d'actualité et voyage, Marie Brennan tisse un lien entre l'univers parallèle de son cycle et le notre.

    Dorénavant, à vous de voir si vous souhaitez embarquer sur le basilic, aller fouiller les ruine draconienne en Vystranie, étudier les dragons du désert akhien, rencontrer les marais-mouliens et les politiques étrangers ou bien tout simplement rester à étudier les lucions que vous conservez dans du vinaigre au fond d'une armoire, ou peut-être tout ça à la fois ? 

    Et bonne lecture !


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  • Titre : Bluebird
    Auteur : Tristan Koëgel

    Rubrique Littéraire- Bluebird de Tristan Koëgel

     

    Quatrième de Couverture : 
    Elwyn est fils d’immigrés irlandais, Minnie, fille d’un chanteur itinérant noir. Ils se rencontrent dans une plantation, et tombent amoureux. Ils ont 13 ans, et ne savent pas que leur vie est sur le point de basculer. Quelques jours plus tard, en effet, Minnie assiste au passage à tabac de son père par des hommes du Ku Klux Klan. Effondrée, elle saute dans le premier train, en partance pour Chicago.

     

     Mon analyse :
    Et oui, ça fait plusieurs fois que je parle de ce livre alors je me lance !
    Bluebird est un livre d'une immense poésie qui m'a énormément plus, mais commençons par les détails plus pratiques :
    Même si ce livre est au premier abord un gros pavé, ce qui ne rebutera pas les lecteurs acharnés et les bibliophiles, mais qui peut tout de même décourager certains vagabondants dans leur bibliothèque, la lecture en est très facile (et je sais pas vous mais moi, la couverture me donne envie de l'ouvrir ). L'histoire est logique, bien construite et organisée autour d'éléments historiques propre à la vie américaine en période de ségrégation. L'écrivain a du fournir un travail phénoménal.
    Le sujet ultra-sensible et récent ( à une certaine échelle pour les plus jeunes ) est retranscrit avec brio et permet peu à peu au lecteur de pénétrer cet univers poétique et sensible.
    L'histoire est centrée sur la vie de Minnie, une jeune fille noir américaine dont le père est "songster" (chanteur itinérant), et sur son père. C'est le récit lumineux d'une forme de recherche du bonheur, et d'une marche pour l'espérance face à l'adversité. Même si le contexte historique légèrement édulcoré pourra faire se poser quelques questions à quelques uns, ces un ouvrage qui ferra rêver adolescents et adultes.
    Mélange entre histoires d'amour, lutte plus ou moins passive contre la ségrégation, voyage et musique blues, le texte nous permet de redécouvrir le territoire américain sous un nouveau visage. Les différentes voix accordées au différents personnages nous font tour à tour découvrir une part de la vie humaine à cette époque. De plus, c'est aussi une retranscription forte de l'histoire de la naissance du blues qui pourrait à elle seul suffire pour justifier la lecture du livre (chercher au cas par cas les petites annotation de bas de pages sur Youtube pour découvrir ^^). 
    Alors sans plus attendre, je vous laisse aller chercher son prix ( qui est de 14,20€ en version papier et 10€ en version e-Book (à la FNAC) ) ou sa disponibilité en bibliothèque. Je vous ajoute également l'ISBN de mon édition : 2278081608. 


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